L’islam, c’est quoi ?

Que la paix vous accompagne !

 

L’islam, « héritier » du monothéisme abrahamique, prêche la pleine soumission sincère à Allah, sans intermédiaire, et rappelle l’universalité du message divin envers les Hommes.

 

Ce court texte se veut une réponse à une situation pour le moins paradoxale : nulle religion n’est décriée et critiquée comme l’est l’islam en Occident et, dans le même temps, aucune religion n’est si peu connue que celle des musulmans qui compte pourtant près de deux milliards de fidèles dans le monde. En Suisse, plus de 6% de la population se dit être musulman.[1]

 

Quelle personne en Suisse est aujourd’hui capable de citer un seul verset du Coran ou une seule parole prononcée par le Prophète de l’islam ? Pour beaucoup encore, celui-ci est l’auteur du Coran qui, selon eux, est un livre dédié à sa vie, alors que, en réalité, le Coran est la parole du Créateur de l’univers et un livre tout entier consacré à l’unicité du Seigneur.

 

Nos futurs articles auront pour but de faire découvrir aux non musulmans en quête de vérité, et aux musulmans en quête de savoir, la réalité de l’islam en répondant notamment à ces questions : Qui est le Dieu des musulmans ? Qui est le prophète de l’islam ? Qu’est-ce que le Coran ? Quelles sont les croyances de la religion musulmane ?

 

Tu trouveras, cher lecteur, chère lectrice, également dans ces écrits des preuves rationnelles de l’authenticité de l’islam, de la sincérité du prophète Mohamed, annoncé par les prophètes bibliques, à commencer par Jésus, mais aussi des preuves irréfutables de l’origine divine du Coran et la réfutation de certains préjugés sur l’islam profondément ancrés dans l’esprit occidental. Nous espérons donc que ces modestes écrits permettront de modifier l’image de l’islam - image ô combien caricaturale – forgée au fil des siècles, depuis les croisades jusqu’aux guerres coloniales, en raison du rapport conflictuel qu’a entretenu, et qu’entretient encore, l’Occident chrétien avec l’islam considéré, à tort, comme l’ennemi héréditaire.

 

Que signifie l’islam ?

 

Voici ce que dit le dictionnaire le Grand Robert à l’entrée « Islam » : « Soumission, résignation, nom d’action, du verbe aslama « il s’est soumis », spécialement « il s’est soumis (à Dieu) ». Étymologiquement, le terme arabe « islam » désigne donc la soumission à Dieu. Il ne faut cependant pas comprendre cette soumission comme une contrainte imposée par Dieu, mais comme une humble reconnaissance de la juste place de l’être humain dans la création. Le musulman est celui qui se soumet à son Créateur en obéissant à Ses commandements, en Lui vouant un culte exclusif et sincère et en se prosternant humblement devant lui. La prosternation, marque distinctive de l’islam, est en effet la forme la plus accomplie de soumission au Seigneur.

 

Certains chrétiens, voulant y voir une preuve de la supériorité de leur religion sur l’islam, affirment que leur relation à Dieu est une relation de père à fils, tandis que la relation des musulmans à « leur Dieu » est une relation de maître à esclave. Ceux-là oublient que tous les prophètes bibliques, y compris celui qu’ils ont élevé au rang de Dieu, Jésus, sont décrits dans leurs Écritures en train de se prosterner devant leur Seigneur. A-t-on jamais vu un fils se prosterner devant son père ?! En vérité, la relation de l’homme à Dieu est plus humble encore que celle de l’esclave à son maître, il s’agit de la relation de la créature à son Créateur. Mentionnons à présent les textes bibliques qui montrent les prophètes en train de se prosterner. On peut ainsi lire que le patriarche « Abram tomba sur sa face » (Genèse 17, 3), que Moïse et Aaron « s’éloignèrent de l’assemblée pour aller à l’entrée de la tente d’assignation où ils tombèrent sur leur visage » (Nombres 20, 6) ou encore, que Jésus : « se jeta sur sa face » (Matthieu 26, 39).

 

Tout comme les musulmans, les prophètes étaient donc soumis à leur Seigneur, et donc en cela fondamentalement musulmans. Qu’en est-il du non musulman ? Celui-ci est également, par nature, soumis aux lois et à la volonté de son Seigneur, mais sans se soumettre volontairement à Ses commandements, en refusant notamment de l’adorer et de se prosterner devant lui. Le Très Haut dit dans le Coran : « Désirent-ils une autre religion que celle de Dieu alors que tous les êtres qui peuplent les cieux et la terre se soumettent de gré ou de force à lui et que c’est à lui qu’ils seront ramenés ? » (S3, 83). Dieu dit de même par ailleurs : « A Dieu seul sont soumis, bon gré mal gré, tous les êtres qui peuplent les cieux et la terre. » (S13, 15).

 

Tous les hommes sont donc soumis aux lois naturelles et à la volonté de leur Créateur, qu’ils le veuillent ou non. Mais certains refusent de traduire cette soumission naturelle par un acte volontaire d’adoration et de soumission aux commandements divins. Ils refusent donc de lui obéir, de lui vouer un culte et de se prosterner devant lui. De ce fait, ils ne seront pas récompensés dans l’au-delà tandis que les croyants y seront gratifiés et honorés. Car quiconque a refusé ici-bas de se plier aux commandements d’Allah, de l’adorer humblement et de se prosterner devant lui, sera sanctionné dans l’au-delà. Dans Matthieu 7, 21, Jésus dit : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! N’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père. ». Le Salut ne s’obtient donc pas par l’adoration de Jésus, ou par la reconnaissance de sa divinité, comme l’affirment les chrétiens, mais bien par la soumission à la volonté et aux commandements du Seigneur.

 

D’ailleurs, l’auteur du livre de Jacques, qui se décrit lui-même comme « serviteur de Dieu » ordonne à ses frères dans la foi : « Soumettez- vous à Dieu » et, quelques lignes plus loin :
« Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera » (Jacques 4, 7-10).

 

Le principal commandement que Dieu a imposé aux hommes est donc celui de lui vouer un culte exclusif et sincère et de reconnaître qu’il est le seul Dieu en droit d’être adoré. Ce commandement qui fonde l’islam et qui est le message central du Coran[2], est également le message de tous les prophètes, y compris de Jésus, adoré pourtant aujourd’hui par les chrétiens comme un dieu. Quoi de plus proche en effet que la profession de foi musulmane - « Il n’est de divinité en droit d’être adorée que Dieu » - et le Chema Israël de la religion juive : « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. » De même, interrogé par un scribe sur le premier de tous les commandements, Jésus lui-même répondit : « Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur. » (Marc 12, 29).

 

Le prophète de l’islam est donc venu rétablir le monothéisme abrahamique dans toute sa pureté, monothéisme remis en cause par la doctrine de la Trinité. Voici ce qu’écrit à ce sujet l’orientaliste français Jules La Beaume : « Mahomet n’a pas eu un seul instant le projet d’inventer un nouveau Dieu, d’instituer un nouveau culte. Il n’a prétendu, sémite d’abord, qu’à rétablir l’ancien monothéisme sémitique et qu’à restaurer le culte d’Abraham, c’est-à-dire le culte mosaïque, moins son corps sacerdotal et les pompes du temple de Jérusalem. »[3].

 

En réalité, chaque prophète est venu rectifier les déviances et les erreurs de la nation qui l’a précédé. Jésus fut suscité au peuple hébreu à une époque où le judaïsme était miné par le rigorisme et le formalisme des pharisiens. Il insista donc sur la nécessité d’adorer le Seigneur avec sincérité et amour, non pas simplement par les actes extérieurs. Charles Guignebert, titulaire de la chaire du christianisme à la Sorbonne de 1919 à 1937, écrit à ce sujet : « Jésus n’entendait pas, on ne saurait trop le répéter, fonder une religion, mais seulement apporter au judaïsme, que le formalisme pharisien desséchait, un esprit nouveau et vivifiant. »

Expliquant les raisons qui ont amené les chrétiens à modifier le message originel de Jésus, il ajoute : « Pourquoi donc une doctrine si simple et si claire a-t-elle abouti à la complication des dogmes et à l’obscurité des mystères, qui sont aujourd’hui la substance même de l’orthodoxie ? Pourquoi l’Église s’est-elle constituée, absolue dans son autorité, impitoyable à la discussion, à l’individualisme que Jésus semblait avoir voulu développer avant tout ? C’est parce que le Royaume attendu n’est pas venu, et que, pour ne pas sombrer dans le désespoir à la pensée que le Maître s’était trompé, il a fallu interpréter ses paroles, les rendre plus profondes, les développer jusqu’au-delà même de l’intelligible. ».[4]

 

Le prophète Mohamed est lui-même envoyé aux hommes pour restaurer l’ancien monothéisme sémitique déformé par le dogme chrétien de la Trinité. L’empereur français, Napoléon Bonaparte, grand admirateur de l’islam, confirme ce point de vue : « L’islamisme attaque spécialement les idolâtres ; il n’y a point d’autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète ; voilà le fondement de la religion musulmane, c’était, dans le point essentiel, consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus-Christ. »[5]

 

Le Prophète est également venu abolir tout intermédiaire entre l’homme et Dieu, intermédiaires omniprésents dans le christianisme à travers le Christ, que les chrétiens prient et adorent plus que leur véritable Seigneur, à travers le culte des saints, et à travers le clergé de l’Église qui s’est par exemple arrogé le droit de pardonner les péchés. L’orientaliste italienne Veccia Vaglieri décrit ainsi la naissance de l’islam : « L’esprit fut libéré des préjugés et des passions, la volonté de l’homme se défit des chaînes qui la maintenaient prisonnière aux autres et aux prétendues puissances cachées. Les prêtres, les faux gardiens des mystères, les courtiers du salut et tous ceux qui se faisaient passer pour des médiateurs entre Dieu et l’homme et qui, en conséquence, croyaient qu’ils pouvaient contrôler la volonté des autres, tous ceux-là tombèrent de leur piédestal. L’homme devint seulement l’esclave de Dieu. »[6].

 

Pour résumer, l’islam, souvent méconnu, déformé et mal perçu en Occident, appelle l’être humain à une soumission volontaire et exclusive à Allah. Soumission fondée sur la reconnaissance de l’unicité divine et la sincérité dans l’adoration. Les textes islamiques, tout comme nombreux passages bibliques, rappellent que la véritable et pure relation entre l’Homme et son Créateur est celle de l’humble créature face à son Seigneur. L’islam s’inscrit d’ailleurs dans le prolongement du monothéisme abrahamique, en réaffirmant le message central de tous les prophètes et en rejetant toute forme d’intermédiaire entre l’Homme et Dieu. L’islam invite tout un chacun à réfléchir et méditer sur la vocation de l’adoration du Créateur, tout en illustrant la cohérence et la continuité du message divin, constant et universel, à travers l’histoire religieuse.


[1] La Confédération en bref, 2025, la Chancellerie fédérale.

[2] Jacques Berque, traducteur du Coran, affirme très justement : « Le Coran pourrait se résumer peut-être en un seul mot, celui d’unité de Dieu. » (Relire le Coran, Jacques Berque, éditions Albin Michel, Paris, 1993, p. 20).

[3] Le Koran analysé d’après la traduction de M. Kasimirski et les observations de plusieurs autres savants orientalistes, Jules La Beaume, Maisonneuve, Paris, 1878, p. 8.

[4] Manuel d’histoire ancienne du christianisme : les origines, Charles Guignebert, Alphonse Picard et Fils, Paris, 1906, p. 239-240.

[5] Bonaparte et l’Islam, Christian Cherfils, Alcazar publishing, 2016, p. 197.

[6] Apologia dell’ Islamismo, Veccia Vaglieri, A. F. Formiggini, Rome, 1925.

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